Les nouvelles technologies n'ont, décidément, pas fini de nous surprendre. L'immortalité, fantasme de l'humanité, serait désormais à portée de main grâce aux nouvelles technologies numériques. Mais cette survie numérique n'est-elle pas néfaste pour les proches, voire pour le mort lui-même?
Dans la Silicon Valley, en Californie (Etats-Unis), de nombreux entrepreneurs partagent une même quête : prolonger sa vie, post mortem, sur les réseaux sociaux. Des starts-up développent des programmes d'intelligence artificielle afin de créer un avatar numérique aussi ressemblant que possible.
L'aventure commence en 2014, au coeur de la Silicon Valley, avec le lancement de Eterni.me, fruit de la collaboration entre une start-up et l'Institut Technologique du Massachusetts (MIT). Eterni.me propose à ses abonnés de créer un avatar digital capable de leur survivre en regroupant de nombreuses informations sur eux, à partir notamment des posts publiés sur les réseaux sociaux et des mails envoyés.
Un nouveau cap est franchi en 2016 avec l'apparition de l'application pour smartphone Replika. L'application pose de nombreuses questions à l'utilisateur, puis demande l'accès à ses réseaux sociaux et à sa photothèque. Petit à petit, l'application se met à parler comme son utilisateur : même tics de langage, mêmes souvenirs, mêmes rêves... Le but, une fois encore, est de remplacer l'utilisateur après son décès.
Sans aller aussi loin qu'un avatar numérique, de nombreuses sociétés proposent déjà des services permettant au défunt de ne pas "complètement disparaitre". Ainsi, aux Etats-Unis, vous pouvez programmer l'envoi d'email après votre décès. Au Japon, grâce à Spot Message, le futur défunt peut enregistrer jusqu'à dix messages, photos ou vidéos gratuitement. Ses proches pourront ensuite les retrouver sur leur smartphone dans les lieux symboliques choisis par le futur défunt. En France, ce type de services existent également. Vous pouvez ainsi transmettre vos codes et données numériques à l'aide d'un coffre-fort virtuel, raconter votre vie face caméra ou encore envoyer des lettres, après votre mort.
Mais, quand le mort se rappelle à nous, n'est-ce pas encombrant, voire dérangeant pour faire son deuil? La philosophe Vinciane Despret témoigne : "Les morts nous lèguent quelque chose à faire. Pour continuer l'héritage ou au contraire rompre avec la tradition, on doit réaliser certains gestes ou certaines tâches. Quand ils résistent si fort à laisser la place, les vivants ne peuvent plus s'accomplir". Il faut dire que l'être humain met du temps à accepter le côté définitif de la perte. Une durée qui est rallongée par les outils numériques qui crééent l'illusion que le défunt est encore présent. Les technologies actuelles peuvent perturber le cheminement du deuil.
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