L’avis de décès se situe en plein centre de la relation entre les proches du défunt et le restant de la société. Il règle les modalités d’enregistrement social, il «répute» le décès afin que tout un chacun en tienne compte. Mais surtout, c’est lui qui permet et qui règle les modalités de rencontre à l’occasion des funérailles. L’avis renseigne non seulement sur la date, l’heure et l’endroit de la cérémonie, s’il y en a une (ce qu’il précise notamment), mais en outre il nous apprend si la visite à domicile est possible, si l’accompagnement au cimetière ou au crématorium est bienvenu, s’il y a des condoléances ou non, si des dons ou des offres en fleurs sont bienvenus etc.
L’avis de décès peut également rappeler le souvenir d’un autre défunt disparu auparavant.
De manière générale, la rédaction de l’avis de décès reflète la volonté du défunt, son identité particulière ou l’intention de ses proches à cette occasion.
Il peut aussi obéir à une volonté de ne rien dire plus que le minimum et donc s’en tenir à des standards de rédaction comme on en lit tous les jours sur la rubrique nécrologique.

Tout est question de réputation finalement.
Les entêtes de villes figurant sur l’avis de décès forment une entrée en matière et déterminent généralement les localisations où le public lecteur est concerné par l’annonce du décès.
Cette notion est importante parce qu’elle est la seule, parfois, qui indique la reconnaissance d’une branche familiale. Même si la formule familiale d’annonce du décès est courte ou volontairement imprécise, la désignation d’une commune en entête est loin d’être neutre.
A ce stade du raisonnement, il faut insister sur les conséquences toujours possibles d’une rédaction d’avis de décès car des susceptibilités familiales peuvent en découler.
Attention aux branches collatérales éloignées car les oublier peut entraîner une rupture définitive de relations et le contraire réaffirmer des liens de parenté, ressoudés à cette occasion.
La recomposition des familles, avec souvent désormais la citation d’enfants issus de lits différents, la place du conjoint qui n’est pas forcément reconnu officiellement, le concubinage, les familles recomposées etc. sont autant de blessures possibles et de subtilités qu’il faut habilement intégrer.

Encadré : N’hésitez pas à personnaliser le message de l’avis de décès. La lecture d’un message sensible est généralement bien accueillie par le public, sans verser dans les excès bien entendu et surtout en s’abstenant de toute volonté soulevant une polémique ou sombrant dans le ridicule.

Un principe prévaut généralement : ne froisser personne.
Le professionnel funéraire a l’habitude de tous ces problèmes et guide la famille dans sa rédaction de l’avis. Il ne faut pas hésiter à s’en ouvrir avec lui car il est en outre tenu strictement au secret professionnel, sanctionné s’il le faut par le Préfet.

Pour comprendre les enjeux psychologiques de l’avis de décès, il faut intégrer sa dimension sociale : il s’agit de sortir du cercle des proches une information à caractère douloureux et intime, qui qualifie la relation et les liens entre le disparu et les principaux concernés par sa mort (d’où une hiérarchie de la douleur, à grande valeur morale). En deuxième position, l’avis de décès, dans sa rédaction, prédispose les relations possibles ou autorisées dans ces circonstances entre les proches et leur entourage social. Une citation concernant un statut officiel ou associatif du défunt prend alors ici une très forte valeur symbolique. Là aussi, le professionnel funéraire apporte d’intéressants conseils de rédaction.

Enfin, l’avis de décès peut être un support d’affirmation de valeurs morales chères au défunt ou à ses proches. Il préfigure ainsi ce qui va être célébré dans la cérémonie du dernier hommage. La lecture de cet avis ouvre donc le processus des funérailles et peut même ensuite figurer comme une marque distinctive et mémorielle gardée en archives personnelles.